• Retour et fracas

    Voilà plus de six semaines que j'ai lâché ce blog, pour cause de retour au pays, et j'avoue être émue de voir que des gens continuent de passer, chaque jour...

    Alors, ce retour ?? après cinq semaines de Fraaaance ? Ouf, ne parlons ici que de la résidence. Après un vol assez désagréable - pas dormi quoi, avec la nuque coincée en avant comme ça, pas moyen -, Pékin déploie son ciel lourd et gris de pluie et pollution, le taximan s'agace de mon chinois rouillé et je rentre enfin dans mon appart comme dans un lit aux draps glacés. Ouh la la, c'est trop grand, trop vide, trop impersonnel, je ne retrouve aucun repère. De toute façon, je dois déménager, je me suis déjà mise d'accord avec la direction avant de partir. Il s'agissait de fuir la boîte noire du rez-de-chaussée dans laquelle je vivais pour m'envoler au quatrième étage. Oui, pas lumière dans cet appart dont la fenêtre de la cuisine est barrée de deux murs et dont la baie vitrée du salon donne sur un arbre, joli, mais qui fait de l'ombre quand même. Et là, SURPRIIIIIIIIIISE, quand je demande naîvement qu'on me donne les clés de l'appart réservé, la concierge ne me tend pour toute réponse qu'une mine étonnée et impuissante... Bon, je ne m'inquiète pas, je lui dis d'appeler sa supérieure pour vérifier que j'ai bien l'autorisation. Mais voilà qui semble au-dessus de ses moyens. Et j'apprends au détour qu'il y a DEJA quelqu'un depuis la veille. Un nouveau...  Vais tuer quelqu'un !!! Bonjour l'accueil ! Y a de la place partout, mais il fallait placer le nouveau ici ! Oui oui, je suis en plein caprice, je comprends pas. Pis j'ai pas dormi, je suis complètement décalée horaire, et c'est vraiment pas le moment. De pas être gentil. Ou pas clair. Alors, j'appelle moi-même la responsable des relations étrangères, gentiement, poliement, mais prête à dégainer  en chinois mon arsenal d'arguments à portée larmoyante (听说了中国人的话很宝贵, 他们说什么他们做什么! 要是您不尊重您给我说什么我就怎么能相信您? 如果不能相信您, 怎么能跟你们在一起工作? 那怎么不马上就回法国??) en cas de résistance. Mais non, elle s'effondre aussi en 'Comment ? Mais je ne comprends pas, je les ai pourtant déjà prévenues !' Alors, si même elle ne comprend pas, moi... En tout cas, bel exemple de communication administrative... Il n'y a aucun maillon intermédiaire entre ces deux personnels. Dans notre résidence, l'une a dû être avertie sans transmettre la consigne aux autres et voilà. Vu comme ça, ça peut passer pour un caprice d'expat, mais quand on vit à l'étranger, on est plus sensible à la notion d'habitat, de lieu personnel de vie. Déjà qu'on n'est pas "chez soi", besoin d'avoir un coin bien à soi. Mais dans la cas où le logement dépend du contrat, et donc de l'employeur, on se sent tout de suite moins à l'aise. Je ne suis pas la seule à avoir les clés de mon appart. Les femmes de ménages et autres consoeurs rentrent quand bon leur semble. Elles frappent pour la forme, mais si je ne réponds pas, elles rentrent. C'est un peu pénible cette forme d'insécurité par rapport à son intimité. On est d'autre part HYPER surveillé ! Cinq portes d'entrée longent notre bâtiment, la cinquième, directement face aux escaliers donnant sur les appartement 400, la quatrième, sur les appartements 300, etc... jusqu'à la dernière qui donne accès à l'accueil. Toutes les quatre autres portes ont été cadenassées de façon à nous obliger à sortir par cette porte, sous l'oeil sourcilleux de la gardienne, de la caméra, et au cas où on aurait oublié cet hyper contrôle, il y a un miroir aussi, qui reflète toute la longueur du couloir...  Finalement, c'est une sorte d'hôtel. Sans l'intimité. Ni la liberté de recevoir qui l'on veut quand on veut. On me dit : "Quand même, ce ne sont pas de très bonnes conditions... Pourquoi tu ne te prends pas un appart ailleurs ?" Ben oui, mais d'abord, c'est dans le contrat. Impossible d'obtenir une augmentation équivalente au loyer du logement décliné. Ce n'est pas une offre, mais une obligation. Il FAUT vivre dans le campus. Pour 'notre' sécurité, bien sûr. Et puis, il faut reconnaître qu'après une balade dans le tohu bohu pékinois, revenir dans un appart niché au creux d'un campus verdoyant et calme, c'est extrêmement appréciable. Maintenant que je suis au troisième étage (éh, oui un appart miraculeusement bien situé s'était libéré pendant mon séjour en France !), j'ai une baie vitrée dans les arbres, oui quasiment, je vois les oiseaux batifoler d'une branche à l'autre et la lumière inonde généreusement l'espace... Si on m'embête pas trop, je suis partie pour signer un paquet d'années ! Quant aux personnels, il suffit de doser mécontentement et sourire, cultiver des rapports agréables, - je me vois pas faire la gueule à des gens que je croise tous les jours, et encore moins être en mauvais terme avec des gens qui ont les clés de chez moi !!!- sans tomber dans une familiarité excessive qui les inviterait à s'immiscer plus encore dans ma vie privée.

    BREF, j'apprends l'art du compromis, ici ! 



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