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Mon coup de coeur pour les étudiants chinois
Quand je suis arrivée l'année dernière, j'ai d'abord remarqué le sérieux de mes étudiants. Bon, mais est-ce que cela m'a vraiment étonnéee ? Non. Je sortais alors d'une année d'enseignement dans un collège ZEP d'un quartier nord de Marseille, je savais bien que j'allais être dépaysée du côté de la discipline. Par contre, j'ai été parfaitement stupéfaite par leur gentillesse, leur respect, leur bienveillance, non seulement envers moi, mais aussi entre eux... Dans ce contexte de crise et d'hyperconcurrence que connaît la Chine, je ne m'attendais pas à autant de générosité collective. Il y a autre chose aussi qui m'a frappée... C'est leur plaisir à étudier, leur curiosité, cet élan, ce dynamisme qui les portent et qui tran sforme de nombreux cours en moment de plaisir. Quand je suis arrivée il y a un an, j'ai pensé 'Pas étonnant que la Chine avance à cette allure, avec un moteur pareil !'
Ces jeunes Chinois à qui il m'est donné d'enseigner sont non seulement des étudiants d'excellence mais en plus, des gens d'une grande qualité personnelle. Je me demande souvent comment je pourrais retourner enseigner en France après une expèrience pareille. Leur esprit est en pleine ouverture, ils dévorent tout, sont curieux de tout, apprendre est pour eux une planche de salut, une libération, une bouffée d'air intellectuelle, alors qu'en France, j'étais plus révoltée que mes élèves... Je leur demandais parfois : "Mais c'est qui la jeune ici ??" J'ai pourtant également enseigner dans les beaux quartiers aixois, mais partout, le même désenchantement, le même poids de tous ces neurones avachis de désespoir à tirer.
Je souhaite que mes étudiants parviennent ainsi à préserver leurs rêves , la fraîcheur et la spontanéité de leur âme, malgré la pression familiale, intellectuelle, sociale, financière que représente l'entrée dans la vie active. Le tout ponctué par la question de "la face." Je vois comment les choses se passent dans mon université... En 4e année, les étudiants sont complètement livrés à eux-mêmes. C'est pourtant l'année cruciale pour eux puisqu'il leur appartient de décrocher un travail. Entre le mois de juin qui clôt cette 4e année et le mois d'octobre suivant, les voilà complètement seuls devant le marché du travail. Au terme de cette période, ils perdent leur statut de "camarade" ainsi que leur Hukou. Ils seront alors déclassés au rang d'"ouvrier" et seront de nouveau rattachés à la zone de vie de leurs parents...
Je demande à Océane le secret de cette joie qui les anime. Elle me répond :
"Depuis que je suis petite, la vie de ma famille n'a pas cessé de s' améliorer. La Chine a connu de nombreux progrés, on a beaucoup d'espoir pour notre avenir, on espère que les choses continueront dans ce sens !"
Complexe, la Chine. Et passionnante !
Tags : etudiants, annee, enseigner, eux, chinois
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Commentaires
1WDLundi 19 Octobre 2009 à 00:10Tu vas peut-être me trouver bizarre, mais, je les sent à l'avenir devenir encore plus dépressifs et morts que tes anciens éléves de Provence... pour moult raisons...Répondre2oOOo...
Lundi 19 Octobre 2009 à 01:00Parce que l'anthousiasme rend la chute encore plus difficile à supporter et fait sombrer dans une espèce de dépression collective... lorsque la réalité reprend le dessus sur l'illusion...
Une amie, m'a montré une étude néérlandaise (oui, les français négligent ce genre de pays en matière de sciences humaines alors qu'ils peuvent être encore plus développés)...
Sur la façon dont les pays sont dirigés, la "culture" hiérarchique. Les pays ou la hiérarchie est la plus présente et pesante, en gros les dictatures, sont ceux ou la population est la plus optimiste, parce que la hiérarchie prend tout le poids de la résponsabilité et des décisions, ceux à l'échelle en dessous est optimiste d'une façon infantile et puérile. Et, ça fini presque toujours par des chutes brutales. Les populations les moins optimistes sont celles qui touchent plus où moins à ce genre de résponsabilité, ils savent donc que rien n'est facile, et sont donc moins optimistes, mais plus raisonnables, plus pragmatiques et moins désoeuvrés en période de crises... plus adultes.
La rp Chine n'est pas le premier exemple à vivre dans ce genre d'illusions, elle a même 40 à 50 ans de retard sur d'autres qui ont déja fait l'exact même chose pour aboutir à d'authentiques catastrophes. Surtout que, la voie qui a été choisi pour elle, ouvre plus les portes de l'Enfer que du Paradis.
ps: ne pas confondre "mouvement" et "gesticulations".
Ce que je dis peut sembler cruel, mais il n'en est rien, juste, réaliste et observateur. Je t'offre la citation de Polanyi "rien n'obscurcit aussi éfficacement notre vision de la société que le préjugé économiste", et concernant tes pauvres éléves, c'est exactement ça!
Bon, c'est mignons, mais ce sont des gosses... et à leur âge, c'est inquiétant!J'en rajoute même une couche: la situation est encore plus alarmiste que je croyais!!!!!!5oOOo...
Jeudi 22 Octobre 2009 à 09:14Je ne suis pas très intéressée par la politique, mais j'ai l'avantage de constater les changements depuis l'intérieur. Je pense qu'il y a une libération réelle des modes de pensée. Malgré les cas de censure et de corruption dont je suis également directement ou non témoin.
Ce qui me gène en général dans tes raisonnements, c'est que tu sembles confondre "lucidité" et "catastrophisme" et considérer qu'être adulte n'est pas compatible avec l'espoir ou l'enthousiasme. Je ne crois pas non plus au fatal retour de quelque système pernicieux. Tout est en transformation. Tout comme à l'échelle de l'individu, un peuple peut se choisir, choisir ce qu'il sera. Je vois bien que la politique n'est pas encore à l'heure de l'ouverture, et qu'il n'y a aucune contestation possible, mais les étudiants que j'ai, c'est l'avenir du pays, c'est eux qui seront aux postes clés. Et leur état d'esprit est vraiment merveilleusement ouvert et sensible. Ils feront évoluer les choses. Dans dix ans, la Chine sera un autre pays, j'espère à la fois plus enraciné dans ses traditions, et plus authentiquement ouvert à l'étranger. J'espère. Il ne faut pas oublier que la nation n'est pas le gouvernement.
Tu sais, depuis l'Occident, on a vite fait de catégoriser les choses, mais la Chine est VRAIMENT un phénomène complexe. J'ai pris l'habitude de dire qu'au bout d'un an, c'était la seule conclusion à laquelle j'avais pu aboutir. Tu ne peux RIEN prévoir.
6oOOo...
Jeudi 22 Octobre 2009 à 09:15
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Vous prendrez bien un vers d'Ö ...
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Se perdre et retourner sur ses pas, tourner en rond, n'aller nulle part -
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